Ingéniosité et rencontre artistique
En mai dernier, La Tortue Noire a été accueillie au Festival international de la marionnette de Matanzas. Pour l’occasion, la compagnie a invité la conceptrice et marionnettiste Mylène Leboeuf-Gagné à accompagner la marionnette « L’Autre« . Lors de cet événement, elle a offert une formation de trois jours sur ses techniques de création aux artistes professionnels cubains.
La Formation : Art et technique en mouvement
Scénographe et marionnettiste, Mylène travaille l’objet en mouvement, axant sa pratique sur la mobilité et le dynamisme par l’assemblage de matériaux en relation avec la manipulation. Elle élabore des structures variées pour faciliter le travail des artistes-manipulateurs. À Cuba, Mylène a partagé sa théorie sur les principes mécaniques, la dynamique du mouvement et leur application aux articulations d’une marionnette.
« J’ai relié chaque type de mouvement à des exemples de la vie courante et à leur utilité sur une marionnette, » explique-t-elle. Les participants ont analysé et expérimenté des principes mécaniques pour réfléchir les différentes parties du corps en fonction des besoins de leur animation, créant de petites machines expressives se mouvant de diverses façons.
Une richesse d’échanges
L’atelier a rassemblé des artistes de tous les coins de Cuba, avides de techniques pour faire évoluer leurs créations. Des jeunes recrues de 18 ans côtoyaient des vétérans, dont un homme de 85 ans. « Au fil des ateliers, j’ai développé une relation particulière avec chacun d’eux, » raconte Mylène. « Ils m’expliquaient leurs projets, leur démarche, et comment ils comptaient intégrer ce qu’ils apprenaient à leur processus. »
Ces échanges ont enrichi les pratiques de chacun, mélangeant techniques cubaines et expertise québécoise. « Que de rencontres enrichissantes et stimulantes de part et d’autre ! »
Les défis de la création à Cuba
Mylène a également découvert les défis auxquels sont confrontés les artistes cubains. « De grands artistes sont formés à Cuba, mais les coûts liés à l’achat d’outils et de matériaux rendent la création difficile. » Les pannes d’électricité fréquentes ajoutent une autre couche de complexité. « Lors d’une représentation, le courant a coupé et les spectateurs ont sorti leurs téléphones pour éclairer la scène, permettant à l’artiste de terminer sa prestation. »
Ces conditions ont mis en lumière la débrouillardise des artistes cubains. « Quand une panne de courant a empêché le pistolet à colle chaude de fonctionner, quelqu’un a utilisé un briquet pour faire fondre la colle. »
Une vitrine inestimable
La marionnette « L’Autre », conçue par Mylène pour le projet « L’Autre dans la cité » produit par La Tortue Noire, a déambulé pendant le festival, illustrant parfaitement son expertise. « Ce genre de marionnette est très inusité à Cuba et a suscité un grand intérêt, » dit-elle. Sa présence au Festitim a non seulement été une expérience formatrice mais aussi une précieuse vitrine pour sa pratique.
« Merci à La Tortue Noire de m’avoir tendu la main pour cette expérience et d’avoir amorcé ces rencontres stimulantes et cette visibilité. » dit-elle. Elle remercie également le Conseil des arts de Saguenay pour son soutien, soulignant l’importance de la collaboration internationale comme agent enrichissant pour les créateurs et créatrices, et vecteur de rayonnement pour la région.
Ainsi, l’expérience de Mylène Leboeuf-Gagné à Cuba témoigne de la richesse des échanges culturels et de leur pouvoir transformateur, tant pour les pratiques artistiques que pour les artistes eux-mêmes.
Crédit photos
Bannière: Jacques Trudeau
Photo 1: Marlen Castillo
Photo 2: Ernesto Emilio Millan Hechavarria
Photo 3: Marlen Castillo
Photo 4: Marlen Castillo
