Ainsi passe la chair

 

Avec le projet Ainsi passe la chair, je me suis lancée ici dans des zones complètement nouvelles de la création, d’abord parce qu’il s’agit de mon tout premier projet d’écriture dramatique. Mes processus d’écriture scénique antérieurs m’avaient plutôt amenée à des recherches sur l’utilisation de la danse comme moteur de l’écriture théâtrale, lors d’explorations avec les corps et le mouvement. En partant du corps des acteurs, de leurs improvisations et de leur langage gestuel, c’était plus leurs récits à eux que je mettais de l’avant. Débuter ce projet par l’écriture d’un texte m’a emmené dans des zones beaucoup plus personnelles et fragiles. D’autant plus que ce nouveau texte prend appui sur la vie de mon père, qui a été un artiste-peintre de renommée internationale, et la relation que j’entretiens face à son travail.

 

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Ça faisait longtemps que l’idée mijotait dans ma tête de créer une courte forme dont l’univers visuel serait inspiré de l’atelier de l’artiste peintre. J’ai toujours été aimé par les odeurs, les objets, l’ambiance de l’atelier, parce que j’ai grandi entourée de ces objets. Mais bon, ça ne me donnait pas pour autant l’angle d’attaque pour écrire, je n’avais pas encore trouvé le propos à développer à l’intérieur de cet espace

Quand mon père a commencé à être malade en 2015, l’idée de faire une création à propos de ses œuvres et sa carrière de peintre a commencé à germer dans mon esprit. Peu à peu, l’analogie entre la ligne qui se trace sur la surface du tableau et le mince réseau de lignes formé par le cancer qui a envahi le cerveau de mon père, a commencé à m’inspirer un point de départ pour l’écriture.

 

J’avais envie de parler de son œuvre, mais en l’abordant d’un point de vue totalement subjectif. C’est une forme de récit autobiographique, mais en même temps c’est basé sur des morceaux de souvenirs flous, probablement transformés au fil du temps dans mon esprit. J’ai reconstruit une discussion complètement fictive entre lui et moi, à partir d’extraits d’archives audio enregistrées dans les années 90. Ce n’est probablement pas fidèle à la réalité, et certainement pas complet comme portrait de Gatien. Ce n’est absolument pas un portrait exhaustif de sa carrière et de son corpus d’oeuvres. L’univers de ses tableaux c’est d’abord un point de départ pour parler de l’acte de créer, des questionnements qui viennent avec la carrière et la vie d’artiste. Au fond ça parle autant de moi, de mon deuil et de mon acceptation de sa mort, que de sa carrière.

 

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Même si ça part de quelque chose de très intime, l’idée était d’en faire un texte qui arriverait à toucher des spectateurs qui ne  connaissent ni moi, ni mon père; une œuvre artistique qui ne parlerait pas seulement de sa vie, mais avant tout du geste créatif, de la transmission de la passion artistique, et de la place de l’art et de l’artiste dans notre société.

 

 

*Photo bannière: Tableau « Le repos céleste 2001«  Gatien Moisan
*Photo 1:  Laboratoire de création, mars 2021
*Photo 2:  Laboratoire de création, mars 2021
*Photo 3: Gatien Moisan dans son atelier
*Photo 4: Laboratoire de création, mars 2021

*La Tortue Noire est fière de faire sa part pour un environnement plus vert! Les émissions carbones émises lors de ses créations et de ses tournées nationales et internationales sont maintenant compensées via Carbone boréal.